Billet d'humeur #2 - 64 ans, la Constitution bientôt à la retraite !
- nicolaspellegrini3
- 4 oct. 2022
- 3 min de lecture
04/10/58 – 04/10/22 : 64 ans de monarchie présidentielle
Nous sommes le 04 octobre 2022, et comme tous les 04 octobre nous fêtons l’anniversaire de notre Constitution. Si celle-ci est la norme suprême de notre état de droit, elle est également garante de tous notre corpus juridique.
Or si le fruit est pourri, qu’en est-il de l’arbre ? Si la pratique du pouvoir tout comme la dévolution des pouvoirs exécutifs, législatifs judiciaires et institutionnels laissent à désirer, comment garantir le vivre ensemble qui est la condition sine qua non d’une société développée où la devise est Liberté, Égalité Fraternité ?
Avec la Constitution comme texte suprême, comme « Loi des lois », nous avons construit depuis soixante-quatre ans une vision de l’État, et a fortiori, de la France.
Cependant, l’esprit de la République s’évapore, et avec lui, le pays des Lumières. Car si les amoureux de la démocratie et de l’égalité ont bâti notre civilisation depuis la Grande Révolution de 1789, l’on est affublé aujourd’hui des formes les plus cynique de césarisme et de présidentialisme.
L’homme providentiel tant attendu, tous les 5 ans, aussi impopulaire soit-il, dispose de la plus grande des marges de manœuvres grâce au texte constitutionnel. L’équilibre des pouvoirs n’est plus qu’un vain mot tant la pratique de l’hyper-présidentialisme renforce la rationalisation du Parlement et des représentants souverains du Peuple qui rédige nos lois.
L’irresponsabilité, tant politique que pénale du président de la République font de lui un personnage à part, disposant de bien des pouvoirs : allant de la nomination du Gouvernement à la dissolution de l’Assemblée Nationale. Face à lui ? Rien n’est possible, sinon les urnes, où les citoyens de plus en plus dépolitisés ont le pouvoir de lui imposer une cohabitation.
L’inversion du calendrier électoral par Jacques Chirac a fait de l’élection présidentielle le scrutin le plus important de notre vie politique, ostracisant ce qui faisait la base de la démocratie représentative que sont les élections législatives.
L’impasse présidentielle se traduit par l’inconséquence de celui qui occupe la fonction suprême. Ce néo-roi au dessus duquel ne pèse aucune menace n’a cure de l’intérêt général ou du respect du programme qui lui aura permis d’être désigné comme « premier des français ».
Pire encore, il lui est permis de gouverner contre l’intérêt du Peuple sans que celui-ci ne puisse agir, ou alors au prix d’une mobilisation des plus spectaculaires, que les rédacteurs de la Constitution qualifie eux-mêmes d’hypothétique.
Arrivée à 64 ans, notre Constitution a connu maintes réécritures et modifications, elle arrive à bout de souffle. Il est injuste pour un Peuple de vivre avec des règles autrefois édictées. Il est le seul acteur politique légitime pour réécrire son destin commun.
Vivement la retraite de la Vème, et l’avènement de la 6ème République, pour qu’enfin soit appliquée notre devise inventée par Robespierre : Liberté, Égalité, Fraternité, dans les faits !
Car si cette devise reste caduque pour les citoyens, certains en finirons par accuser la République de tous les maux, alors que c’est précisément sa présence qui est réclamée, et ces mêmes lui préféreront les démons des belles promesses autocratiques plutôt que l’espoir d’une réussite démocratique.
Voici venu le temps de la 6ème République et de son assemblée Constituante, pour que le peuple souverain prenne de nouveau la place qu’il lui est due dans notre Nation politique. De grâce, face à la vie chère, les inégalités, l’inaction climatique, les atteintes laïques et l’impasse démocratique : abolissons la monarchie présidentielle et radicalisons la démocratie.
Nicolas PELLEGRINI
Militant pour la 6e République


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