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La crise de la démocratie - Blog #1

  • Photo du rédacteur: Nicolas Pellegrini
    Nicolas Pellegrini
  • 16 nov. 2020
  • 5 min de lecture

Introduction


« La nation n'étant plus souveraine, le peuple ne peut plus exercer cette souveraineté. La démocratie alors s'étiole, et progressivement disparaît. »

Ici, Jacques Sapir pointe le rôle de l'absence de la souveraineté dans ce qu'il présente comme une crise démocratique. Dans la société contemporaine, le peuple est sensé être un acteur central du processus démocratique. Or de plus en plus, son rôle semble relégué au second plan, et il ne constitue donc plus qu'un organe consultatif. De nombreux intellectuels, et personnalités politiques, s'accordent pour dire que notre société assiste à une crise de la démocratie. Alors la démocratie est-elle en crise ? Il semble que cette crise soit un symptôme du manque de souveraineté dans la démocratie, et cela se traduit par divers phénomènes qui impliquent un retour radical à une démocratie populaire.

I / La démocratie en manque de souveraineté A) L’hyper-présidentialisation L’hyper-présidentialisation de la Vème République a éjecté du processus démocratique son acteur central: le peuple souverain. La démocratie est confisquée des mains de ceux qui sont censés la faire vivre. La lente agonie de la souveraineté populaire, qui ne donne pour rôle aux citoyens que celui choisir les représentants qui gouverneront à leur place, et de plus en plus contre les intérêts de la nation. Le projet initial de la constitution de la Vème république, en 1958 est la recherche de la stabilité du régime. Cette stabilité va se traduire par une concentration des pouvoirs au sein de quelques institutions, ne délimitant les compétences du peuple que dans de rares domaines, le principal étant l’élection. Le rôle du Président, élu au suffrage direct par les citoyens passe au premier plan, tandis que les véritables représentants des populations, les parlementaires, voient leurs pouvoirs et leurs compétences se restreindre drastiquement en comparaison aux régimes précédents. De plus les présidents, cantonnés au rôle d’arbitres politiques dans l’histoire républicaine française, deviennent des acteurs majeurs de la vie politique de la Nation. B) La construction européenne, et le transfert de la souveraineté nationale à la super-structure européenne Le projet européen fédéraliste a impliqué un transfert de nombreuses compétences notamment en matière économique, des états membres, aux institutions européennes. Bien qu’une entente et des politiques globales doivent être menées entre les états européens; ne serait-ce que pour promouvoir les libertés révolutionnaires qui ont une vocation universelle; il est nécessaire de rappeler qu’une grande dépendance aux décisions européennes empêche toute initiative ambitieuse que pourraient revendiquer les peuples européennes dans leurs états respectifs. La souveraineté européenne qui surpasse la souveraineté nationale implique naturellement des gouvernements soumis, qui ne répondent plus de rien, ni de personne, délégitimés par ceux qu’ils gouvernent. La construction européenne ne s’est pas faite au service des populations, mais elle a promeut le libre échange à outrance, jetant les perdants de la mondialisation dans l’isoloir avec des bulletins extrémistes. Ces derniers ont grandement abîmé l’idée d’une construction européenne, dont il faudrait réviser les traités pour que des politiques d’ampleur soient menées pour faire face aux impératifs sociaux, écologiques, et surtout démocratiques. Car l’Union Européenne fait du mal à la démocratie française, imposant des limites aux politiques menées, des règles de déficit à ne pas surpasser: bref, à condamner la 6ème puissance mondiale à devenir une baronnie non plus au service des citoyens, mais du capital. Les français ont tous en tête le coup d’Etat démocratique qui s’est joué en 2005, durant le référendum pour la constitution européenne, rejetée majoritairement, mais dont les grandes lignes ont été tout de même appliqué en 2007.


II / Le Peuple souverain, grand absent du processus démocratique A) La traduction sociétale de la crise démocratique

Le peuple perd la possibilité de participer aux enjeux démocratiques, les principales décisions se prenant à Bruxelles. Aussi, la concentration des pouvoirs limite toute initiative populaire. La seule action qui vaille devient: le vote, dont de plus en plus semblent se détacher. Même si il est étymologiquement inexact de parler de démocratie (la démocratie étant le régime dans lequel le peuple détient le pouvoir) la novlangue invente le concept de la démocratie représentative. Or c’est un formidable oxymore pour désigner ceux qui gouvernent à la place du dit-peuple. Le Peuple n’est plus citoyen,mais consommateur, notamment d’une offre politique. L’économie détient d’ailleurs un rôle bien plus important qu’on ne le croit, la politique au sens noble du terme est subordonné à l’impératif économique, nuisant à l’intérêt général. L’absence de souveraineté est donc la maladie, la crise est le symptôme. Si le peuple est un acteur secondaire, incapable de régir le fonctionnement institutionnel, et d’agir sur les politiques, ou ne serait-ce que sanctionner (sans forcément passer par le processus électoral) les représentants qui ne respectent pas leurs promesses, alors la démocratie s’effrite. Au delà de l’abstention, la crise démocratique se traduit par des revendications toujours plus forte de la base populaire. Une volonté de refonder la démocratie autour du Peuple, de promouvoir une grande participation, une place de premier plan aux citoyens, pour devenir les décideurs politiques. “Prendre la place aux élites” semble devenir le mot d’ordre, qui s’est massivement traduit dans la crise des Gilets Jaunes, que beaucoup ont considéré être la conséquence d’un malaise démocratique avant d’être celle un malaise social. Ces derniers ont pointé par ailleurs une volonté bien présente de changement profond, d’une énergie populaire présente, prête à reconquérir sa souveraineté. B) Une radicalisation de la démocratie: réponse à la crise Il faut sans plus attendre retourner aux fondamentaux révolutionnaires, avec une participation sans équivoque du peuple sur toutes les questions qui agitent la nation, et la primauté de ce dernier sur tous les corps intermédiaires et institutions qui doivent se soumettre à sa souveraineté: la seule légitime. L’enjeu est de repenser l’organisation sociale, pour ne plus rentrer dans le dogme du gouvernants / gouvernés, mais dans le Peuple / représentants. Sortir du régime représentatif pour que les règles appliquées soient celles des citoyens, et tendre vers la démocratie participative, la plus aboutie qui soit. La République a fait du droit l’expression de la volonté générale, les règles qui régissent les relations des individus en société. Ce droit doit prévaloir et s’appliquer à tous, et s’il est la volonté de l’intérêt général, alors il doit protéger la souveraineté du peuple, pour fonder une démocratie continue. Une démocratie qui ne serait pas confisquée par quelques uns, ou qui conférerait une concentration trop élevée des pouvoirs entre quelques mains. La démocratie radicale est une objectif à atteindre, et une trajectoire à tracer, en toute circonstance. Les gilets jaunes ont soulevé la question du référendum d’initiative citoyenne (ou populaire). C’est une proposition de loi que les députés de la France Insoumise se sont empressés de réaliser. Il s’agit d’un compromis entre une refondation totale de l’organisation de nos institutions (une VIème République) et l’organisation actuelle, une monarchie présidentielle aux pouvoirs tellement concentrés que Rousseau se demanderait s’ils sont séparés. Le référendum est une procédure qui consiste à demander l’avis du peuple, mais si le peuple choisit de le donner sans qu’on le lui demande, et mieux, si cet avis avait force de loi ? Ne serait-ce pas là, la reconnaissance de la souveraineté populaire ? L’entrée en force de la population dans le processus démocratique. Ce référendum permettrait de révoquer les élus pour les forcer à appliquer leurs promesses, ou à sanctionner ceux qui ne gouvernent pas dans l’intérêt du peuple. Il permettrait de changer les règles du jeu démocratique en France et de donner aux citoyens une véritable voix, une voix qui compte. Les français prendraient alors le pouvoir sur leurs institutions, et répondraient à la crise de la démocratie.

 
 
 

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