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Plaidoyer pour le droit de vote à 16 ans - #Blog 9

  • Photo du rédacteur: Nicolas Pellegrini
    Nicolas Pellegrini
  • 3 nov. 2021
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 déc. 2021

Jeunes concitoyens et concitoyennes, ce plaidoyer est pour vous.


Moi-même jeune militant politique, engagé depuis mes 16 ans : j’ai toujours défendu l’ouverture du droit de vote aux 16 ans et plus avec mes camarades.


Ils vous méprisent, ils vous infantilisent, vous ridiculisent et vous coupent la parole. Ils disséminent en vous l’idée que vous seriez trop jeunes, trop influençables, trop naïfs ou mal éduqués.


Et pourtant il y en a qui croient en vous, en votre avenir, en votre capacité à réussir là où ils ont échoué, à rendre ce monde meilleur, plus juste, à taille humaine.


Il est temps de balayer les clichés, et de ce saisir de cet enjeu pour 2022, qui va revenir dans le débat public à l’occasion des présidentielles : armons-nous sur le fond pour répondre aux arguments habituels qui excluent de facto la jeunesse des débats, qu’ils puissent voter ou non.


Car enfin, ils ont usé des mêmes arguments par le passé, pour empêcher Valéry-Giscard d’Estaing en 1974 de passer le droit de vote de 21 ans à 18 ans.

1) → « C’est trop jeune, ils sont moins éduqués »

Pourtant le taux de scolarisation des 18 – 21 ans de l’époque et des 16 – 18 ans d’aujourd’hui est sensiblement équivalent. A ceux qui en doutent : il n’y a donc pas de sauts dans le vide. Nous donnerions le droit de vote à des jeunes gens éduqués, pleins de fougue et d’idées. Et quand bien même ils n’auraient ni l’une ni les autres, ils auront le loisir d’en débattre et d’en décider.


2) → « C’est trop jeune, ils sont moins matures »

L’âge n’a pas de rapport avec la maturité politique : tout le monde connaît des retraités n’ayant jamais mis les pieds dans un bureau de vote et des jeunes de 15 ans (ou moins) politisés sur des enjeux divers comme l’écologie, l’antiracisme ou le féminisme.


3) → « Les jeunes sont sous influence, ils faut qu’ils sortent de leurs conditions avant de voter »

L’influence des pairs est souvent arguée par ceux qui s’opposent à ce que vous exprimiez vos idées. Mais souvenez-vous, c’est le même argument que le Sénat utilisait contre le droit de vote des femmes.

La sortie de sa condition personnelle n’est d’ailleurs pas une condition sine qua non pour voter, sinon bien peu de gens voteraient…

Le vote familial reste particulièrement présent en France, tous ceux qui ont étudié la sociologie politique et électorale le savent parfaitement. En effet, de multiples facteurs sociaux, culturels et mêmes économiques et géographiques conditionnent le vote, et quand bien même, en quoi un vote similaire ou différent de nos parents seraient un vote de bonne ou mauvaise qualité ? Qui s’octroie le droit de juger de la qualité d’une voix démocratiquement exprimée ?


4) → « Et pourquoi pas leurs permettre l’éligibilité tant qu’on y est ? »

Et oui, pourquoi pas ? Lorsqu’on voit le succès des conseils municipaux des jeunes, on reconnaît l’utilité d’associer les jeunes à la vie publique et aux décisions publiques : Il faut pousser à s’occuper de la politique avant que la politique ne s’occupe de soi (en bien ou en mal). D’ailleurs, il suffit de regarder les élections de délégués, on reconnaît une voix aux jeunes et on leur reconnaît une occasion de l’exprimer.


5) → « Les jeunes s’abstiennent déjà majoritairement, aucune utilité d’ouvrir le vote au moins de 18 ans »

Abaisser le seuil du droit de vote permet au contraire de montrer que votre voix compte, l’argument de l’abstention des jeunes n’est d’ailleurs pas fondé : les classes populaires sont celles qui s’abstiennent le plus, cela veut-il dire qu’il faudrait revenir à un vote censitaire qui ne permettraient qu’aux plus riches de s’exprimer dans l’isoloir ?

L’âge n’est d’ailleurs pas un facteur d’abstention : l’abstention ou même la dépolitisation est à mettre sur le dos de nos institutions. Il n’y a qu’à voir certains pays dont la moyenne d’âge est moins élevée que la notre qui est pourtant plus mobilisée sur le plan électoral.

Enfin, permettre de décider c’est aussi permettre de politiser, attendons nous à un sursaut de participation des jeunes qui vont se saisir de cet enjeu


6) → « Lorsqu’on est mineurs, on a moins de droits que les majeurs, c’est normal »

Ah bon ? Alors ils seraient assez âgés pour pouvoir conduire, être pénalement responsables, pouvoir travailler et être émancipés, recevoir un salaire, payer l’impôt, et même arrêter l’école, mais pas pour voter et participer aux décisions de la cité ?

Ne peut-on pas considérer qu’à la fin de l’instruction obligatoire (16 ans) les jeunes citoyens peuvent voter ? (Bien que cela doivent s’accompagner d’un renforcement de l’éducation civique).


7) → « Ils ne sont pas formés politiquement à cet âge là »

Personne ne l’est, la vie est un long fleuve où l’on apprend, où l’on change d’avis, où l’on débat et se remet en question. La vie entière est une acquisition d’expérience, pour autant, cela veut-il dire que l’avis des jeunes de 16 ans (fondé sur leurs propres expériences et ce qu'ils apprennent à l'école, souvent bien plus frais à leur âge que chez leurs aînés) a moins de valeur que d’autres citoyens ?


8) → « Les jeunes ne sont pas légitimes pour s’exprimer sur les problèmes de sociétés complexes, à contrario des gens plus âgés qui ont plus de vécu »

Et pourtant : ce sont même les plus légitimes : car c’est cette génération de jeunes gens (je m’inclue dedans) qui va pâtir du monde qui arrive, d’un point de vue écologique, social, démocratique et même géopolitique, ne sont-ils pas, pour pousser encore plus loin, les meilleurs ambassadeurs du monde de demain et donc les plus à mêmes de participer aux décisions d’aujourd’hui ?


9) → « Cela va perturber les élections par l’élargissement du corps électoral »

Les 16 – 17 ans représentent en 2020 environ 1,4 millions de personnes, il n’y a pas de quoi bouleverser des élections, mais néanmoins c’est effectivement un chiffre conséquent : comment imaginer que tant de personnes ne puissent pas s’exprimer où avoir de représentants élus, car la question de la représentativité est tout aussi importante que le droit de s’exprimer.


10) → « De toute façon cela ne changera rien »

Raison de plus pour ne pas s’y opposer : la représentativité passe par la permission de l’expression des jeunes concitoyens et concitoyennes par tous les moyens possibles : le droit de vote, comme le droit de se présenter aux élections. Faire société, c’est aussi prendre en compte toutes ses composantes.


En conclusion


Cette problématique est résiduelle car elle est contenue dans un sujet plus étendu: Favoriser la participation électorale et la politisation des jeunes générations. Et dans un domaine plus large, cela pose la question de la rénovation de nos institutions, du rajeunissement des représentants, de la diversification des élus et de la représentativité de la population française, qui est de plus en plus jeune et large. Ce plaidoyer n’a pas pour objet de faire du jeunisme renforcé ou de l’anti gérontocratie, mais la moyenne d’âge de nos élus pose question, car s’il n’y a pas d’élus trop vieux, il ne devrait pas y avoir d’élus trop jeune.

Nombreux sont les exemples dans le monde : la participation des jeunes au processus démocratique permet un sursaut, une prise de conscience des jeunes générations quant aux enjeux du siècle qui arrive (il n’y a qu’à se référer à l’exemple écossais du référendum exprimé dans le guide citoyen de la 6-ème République de Raquel Garrido).

L’enjeu est de faire le pari de l’élargissement des droits démocratiques et sociaux plutôt que la course au rabougrissement de notre Nation et la marche forcée de l’autoritarisme.


Cet enjeu peut trouver un débouché politique : celui de la 6-ème République qui au-delà d’ouvrir de nouveau droit aux jeunes citoyens, permettrait d’ouvrir le champs des possibles quant à la modernisation de nos institutions. C’est la voie que propose la France Insoumise, son programme l’Avenir En Commun, et son candidat aux élections présidentielle de 2022 : Jean-Luc Mélenchon.


Formons l’Union Populaire. Vive la République, Vive la France, Vive les jeunes !


1 Comment


carlosblanca2001
Nov 03, 2021

Un beau combat. Une belle plume. La force de l'engagement de la jeunesse dans un souci de l'autre, constant. Bravo Nicolas.

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