Projet Hercule: La destruction d'EDF - Blog #7
- Nicolas Pellegrini
- 12 déc. 2020
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 déc. 2020
Introduction : La destruction méticuleuse de la souveraineté énergétique française
La situation actuelle de la France est révélatrice des projets d’avenir que nous réserve l’oligarchie financière.
En effet, dans une crise sanitaire doublée d’une crise économique dont nous sommes loin de ressentir tous les effets, il y a une petite musique qui se fait entendre : Celle de la souveraineté.
Cette souveraineté, c’est la capacité de décider, sans que personne ne décide à votre place.
Lorsqu’on parle de souveraineté, on parle souvent de la souveraineté démocratique d’une part, mais également, de la souveraineté alimentaire, ou encore de la souveraineté sanitaire (par la demande croissante d’un pôle public du médicament). La crise que nous traversons traduit un besoin croissant de souveraineté : « Nous ne voulons plus dépendre des autres».
Mais dans cette note, c’est la souveraineté énergétique qui m’interroge.
En effet, depuis des jours, les salariés d’EDF (Électricité De France) se mobilisent.
La raison ? Le saucissonnage de notre fleuron énergétique national.
EDF est en effet le premier producteur / fournisseur d’électricité en Europe. Il est donc juteux pour la Commission Européenne d’en négocier avec la Macronie, la destruction. En effet, EDF est détenue à 80 % par l’État.
Sa capacité de production vient combler les besoins énergétiques de tout l’Hexagone, sans parler de son chiffre d’affaire (71,3 milliards en 2019) qui vient renforcer le patrimoine de l’État. Mais vous le savez, avec le néolibéralisme, tout ce qui est juteux et qui fonctionne bien doit être détruit et transformé en rente pour les financiers !
C’est tout l’objet du projet « Hercule »…
I] Les attaques successives de la Commission Européenne pour imposer le néolibéralisme au sein d’EDF
Suite à la seconde guerre mondiale, la question de la souveraineté énergétique prend une place importante. Pour reconstruire la France, il faut qu’elle soit indépendante dans sa production d’électricité et de gaz. C’est avec cet objectif que s’est opérée une grande planification industrielle de l’énergie en France : Après guerre, la nationalisation apparaît comme le seul moyen de développer la production énergétique du pays tout en assurant à l’énergie l’adjectif de « bien public ».
Cette vision de la souveraineté énergétique a conduit à la création d’EDF-GDF, un grand monopole public de la production et de la distribution d’énergie. Il est donc absurde à l’époque, d’imaginer que l’énergie puisse être laissée dans les mains incertaines du marché. Cette nationalisation doublé d’une planification (pour étendre le réseau et le perfectionner) à permis à EDF-GDF de devenir leader mondial de la production d’électricité. Or, la Commission Européenne est passée par là, et dans les années 80, par pur dogmatisme, a imposé la mise en concurrence.
Cela à commencé par GDF (Gaz De France), qui, ouverte à la concurrence, devait (selon la Commission Européenne) permettre de baisser les prix : Il suffit de regarder vos factures pour constater qu’il n’en est rien.
Adrien Quatennens, coordinateur et député de la France Insoumise, explique parfaitement la manière dont la Commission Européenne a détruit, progressivement, avec la complicité des gouvernements français, le monopole public d’EDF. Vous pouvez visionner sa vidéo récapitulative de 4 minutes à cette adresse : https://linsoumission.fr/2020/12/10/hercule-en-marche-vers-le-demantelement-dedf/ . Sinon, vous pouvez continuer de lire cette note.
En effet la Commission Européenne a poussé le saucissonnage d’EDF, en divisant ce bloc monolithique en une multitude de filiales afin que des entreprises privées puissent concurrencer ces dernières (qui de par leur taille vue au rabais, était devenue fragiles). L’objectif de la Commission étant de multiplier les marchés pouvant concurrencer EDF.
Or ce fût un échec, pour la simple raison que personne n'avait réussi à concurrencer ne serait-ce que la plus petite filiale d'EDF.
La Commission a donc entrepris une grande perfidie : Elle a obligé l’État Français à céder 25 % de sa production A PRIX COÛTANT à ses concurrents ! Bref, nos impôts, servaient à produire, via EDF, de l’énergie pour des sociétés privées qui s’enrichissaient par ce biais. Cela permettait à ces sociétés privées de peser face au monopole.
Mais la Commission n’en a pas fini. Elle souhaite que l’État français rende disponible, non pas 25 %, mais 100 % de la production d’EDF à ses concurrents. Ce projet, en ce moment négocié entre la Commission et l’État, c’est le projet « Hercule » : Il vise (entre-autre) à démanteler ce qui ne l’a pas encore été.
II] Le projet « Hercule » : Socialiser les pertes, privatiser les bénéfices
La Commission Européenne opère donc à grand coup de cutter dans le monopole d’EDF. Le projet « Hercule » n’est que l’avant dernière étape de la privatisation totale d’EDF. Il s’agît de saucissonner (encore une fois) ce qui reste du géant français.
• Le Groupe EDF serait divisé en deux entités :
→ D’un côté EDF Bleu, qui resterait (dans un premier temps) public, et détenu par l’État. Dans ce pôle il y aurait globalement un regroupement des activités coûtant très cher : En premier lieu, le nucléaire, qui nécessite de nombreux investissements notamment du fait de l’âge avancé de la majorité des centrales.
→ De l’autre EDF Vert qui vise à rendre disponible 100 % de son capital aux sociétés privées concurrentes à EDF. Vous l’aurez compris, dans ce pôle sera concentré tout ce qui est juteux, rapportant de l’argent, tel que les énergies renouvelables promises à un grand avenir.

En bref: D’un côté on socialise les pertes (EDF BLEU), et de l’autre on privatise les profits (EDF VERT).
Ce sera donc à l’État d’investir massivement pour mettre en état les centrales nucléaires vieillissantes, tandis que les sociétés privées vont se gaver, elles et leurs actionnaires, sur ce qui a fait autrefois la fierté industrielle énergétique française, et qui permettait à l’État d’engranger chaque année un chiffre d’affaire confortable.
Si vous voulez retenir l’objet de ce projet Hercule en une phrase : Les profits, personne n’en profite, et les pertes, tout le monde les paies.
Mais comme je l’ai précisé précédemment, il ne s’agît que de l’avant dernière étape, car vous l’aurez compris, une fois que l’État aura massivement investi dans des centrales nucléaires réhabilitées et toutes neuves, il n’y aura plus qu’à ouvrir EDF BLEU à la concurrence, en ouvrant son capital à qui veut le vampiriser.
Conclusion: Battons-nous pour EDF
Les oppositions parlementaires sont vent debout contre ce projet. La France Insoumise insiste sur la nécessité que ce projet fasse l’objet d’un vrai débat national, et propose que la France s’oriente vers la création d’un pôle public de l’énergie.
Autre perfidie gouvernementale de la Macronie : Ce projet pourrait être discrètement glissé dans la loi visant à traduire les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat (dont 90 % des propositions se trouvent être dans l’Avenir En Commun, programme de la France Insoumise).
Cela n’a qu’un intérêt, faire passer ceux qui s’opposent à la privatisation d’EDF pour des gens qui s’oppose à la Convention Citoyenne. Bref, faire passer Macron pour le Héros de l’écologie, alors qu’il en est le pourfendeur.
Car en effet, laisser un domaine comme l’énergie dans les mains prédatrices du privé, revient à perdre le contrôle des impacts environnementaux de ceux qui s’enrichissent sur la destruction de la nature.
Nous sommes dans ce combat, les héritiers de celles et ceux qui se sont battus après guerre, pour donner à la France une souveraineté énergétique. Car plus que jamais, l’énergie est un bien public, nécessaire à la satisfaction de l’intérêt général. Ne faisons pas cadeau aux vampires de la finance du fleuron le plus ultra de la production / distribution d’énergie en France. Battons-nous pour nos monopôles.
Nicolas PELLEGRINI
Post-Scriptum:
Dans chacune de mes notes de blog, je me permettrai de vous inviter à signer pour parrainer la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2022 sur :
Alors, si vous êtes pour un pôle public de l’énergie, n’hésitez pas à soutenir notre programme et son candidat.
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